BIENVENUE SUR
a r c h e o c i e l
La préface de Marc Martinez
« J’ai rendez-vous avec le soleil ! Vraiment ? Quelle drôle d’idée !!! »C’est ce que je me suis dit ce matin froid et brumeux, jour du solstice d’hiver.
Quand j’arrive à Pair-non-Pair, la nuit s’en va. Lentement…Chantal Jègues-Wolkiewiez m’avait dit quelques temps auparavant : « Venez un peu avant le lever du soleil et vous verrez !... »
Le froid est mordant. Je suis devant l’entrée du sanctuaire aurignacien. Je n’ai pas encore ouvert la lourde porte du monde souterrain. Progressivement, la lumière arrive. Tout d’abord de manière imperceptible, puis de minutes en minutes, de plus en plus flagrante, accompagnée par un léger vent qui siffle entre les arbres dénudés au dessus de la cavité.
Je suis toujours au même endroit, devant l’entrée, la clef à la main, lorsqu’un rayon plus puissant, tout d’un coup m’aveugle. Je ne peux qu’ouvrir la belle porte de bronze et inviter l’astre solaire à venir, sous terre, épouser les parois gravées.
La lumière intense et la pesante pénombre se mélangent, le froid extérieur et la chaleur de la caverne s’unissent en créant des volutes de vapeur légères et mystérieuses qui entourent et animent les chevaux, les bisons, les cerfs…
Mon émotion est à son comble au fur et à mesure que la large raie lumineuse progresse de l’entrée vers le fond de la grotte, de la droite vers la gauche, pour s’estomper progressivement et …s’en aller !
Un peu sonné, le tour de clef donné machinalement derrière moi, je remonte à travers le petit bois de Pair-non-Pair.
Un vrai moment de magie et d’émerveillement vient de passer. Une sensation rare, intrigante et envoutante à la fois.
Je sais que je ne connaitrai jamais la vision du monde de nos sœurs et frères de la préhistoire. Je ne connaitrai ni leurs mythes, ni leurs croyances, ni leurs espérances mais ce dont je suis certain aujourd’hui, c’est que ce que j’ai vu, ce que j’ai ressenti, ce fascinant spectacle qui montre qu’un peu de lumière peut chasser tellement d’obscurité, eux aussi l’ont vécu ici même il y a plus de 30 000 ans…
Pour cela, Chantal Jègues-Wolkiewiez, pour ce moment de grâce, pour ce partage à travers les millénaires, un grand merci.
Marc Martinez
Novembre 2012